Décembre 2025

la callidie sanguine

En prévision des grands froids, vous avez pris une sage décision : il y a de la place autour de votre poêle , et vous avez empilé des bûches plus que de coutume.

En plus, cela crée une déco inhabituelle, votre séjour prend des allures de cabane de trappeur.

Comme vous recevez votre famille durant les fêtes, c’est du temps de gagné et cela vous évite de faire des aller-retour vers la réserve extérieure.

Tout va donc pour le mieux, enfin… jusqu’au moment où l’oncle Robert avise un insecte rouge et noir d’un centimètre environ qui se promène allègrement sur le crépi du mur (notre photo). Tante Suzanne repère un autre individu en tous points comparables…. La chasse est lancée et il m’est alors difficile d’éviter la tuerie de masse… 

Pas le choix, il faut mentir, et j’affirme: « c’est un scarabée proche de la coccinelle ».

Mais bon, le doute s’installe : il est vrai que le carénage de la Bête à bon Dieu, tout en rondeur, semble assez éloigné de celui de la callidie.

J’ai eu le malheur de lâcher le nom de l’insecte excursionniste…

Oncle Robert avise son portable qui décline aussitôt l’adjectif « xylophage » et le tonton connait la définition du mot, pour le plus grand malheur de ce coléoptère. On met en doute alors mes connaissances. Et j’ai beau dire la vérité qui suit, le massacre commence.

 

La callidie est un petit insecte coléoptère qui affectionne le bois coupé en rondins plutôt récemment, et se glisse entre l’écorce et l’aubier pour pondre ses œufs. Des larves vont se développer en attaquant le bois. La nymphose va avoir lieu dans le même contexte. L’adulte émergera  avec sa belle robe rouge sombre et ira fréquenter les fleurs environnantes où il trouvera l’âme sœur. Ce cycle de l’œuf à l’adulte est assez long (un à deux ans). L’insecte est également appelé « callidie rouge-sang ». Comme il affectionne le bois fraichement coupé et non écorcé, il ne  fait pas de dégâts aux habitations, ne s’attaque pas aux charpentes, par exemple, ni au mobilier.

L’erreur commise a été de rentrer le bois : le cycle de la callidie s’est trouvé accéléré et l’émergence a eu lieu en plein hiver. Ce n’est donc pas un service à rendre à l’insecte !

 

Ce qui me semble inquiétant, c’est le jugement hâtif à propos de tout insecte. Dans le doute, on tue. Quand le plus inoffensif ressemble—même approximativement—à un mal-aimé,  sa destruction est souvent programmée. La famille des hyménoptères (guêpes, frelons…) comporte des individus fort utiles et totalement inoffensifs pour l’homme, mais qui ont le malheur de ressembler aux mal-aimés. Le sirex géant, jaune et noir, est un bon exemple !

Lorsqu’il s’agit d’oiseaux ou de mammifères, ce délit de « sale gueule » est largement minoré. On cherche à exterminer le rat, mais on accorde les plus grandes circonstances atténuantes au raton-laveur… c’est si mignon !   Et pourtant, comme faux-ami, on ne connaît pas pire…

 

Les temps commencent toutefois à changer, grâce aux accros de la biodiversité. Les réponses données par l’IA deviennent plus modérées.

Une technique simple consiste à poser la question « comment se débarrasser de... »

Si vous écrivez « callidie », vous obtenez ceci :

« Au jardin, la callidie rouge sang sous sa forme adulte se nourrit de végétaux, mais elle n'est pas pour autant nuisible. En effet, elle se contente de nectar et de pollen. Vous n'avez donc rien à en craindre. Si elle vous dérange lorsqu'elle pénètre dans la maison, vous pouvez la chasser dehors sans la tuer »

Bon, Noêl approche, une bonne nouvelle pour cette fin d’année.

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Bruyère ou callune ?

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Pour la bruyère commune (erica cinerea), les feuilles sont en forme d’aiguilles et implantées  en cercle autour de la tige. Pour la callune (calluna vulgaris), les feuilles ressemblent à de petites plaquettes implantées en épi tout au long de la tige. Pour les fleurs, la distinction est toute aussi aisée : la bruyère a des fleurs plus allongées, qui ressemblent à des petits grelots. La callune a des fleurs avec des pétales bien distincts.

Evidemment, j’ai regretté de ne pas avoir appréhendé cette distinction auprès des élèves lors des stages : c’était facile… Reste à trouver une procédé  mnémotechnique pour ne pas inverser le nom des plantes et leur description.

 

Quel est l’intérêt de savoir distinguer bruyère et callune ?

Il suffit de s’inscrire à une sortie naturaliste en automne, par exemple ornithologique., dans une région riche en bruyère ou callune. Vous passerez aussitôt pour ignare si vous ne distinguez pas le chant de la fauvette grisette de celui du pipit farlouse.

Vous l’avez compris : dès que le mot bruyère sera prononcé, partez immédiatement à la charge !

Car la callune est plus commune. Elle est même unique dans les Alpes.

Mais attention ! À l’endroit où j’ai réalisé les photographies ci-dessus, les deux espèces cohabitaient, pour le plus grand plaisir des yeux, car la callune est d’un rose un peu plus pâle que la bruyère.

 

Les Histoires Précédentes

Il y a quelques années, j’animais des stages scolaires. Le public était du second degré, collégiens ou lycéens.

Un jour, devant un paysage granitique typique, entre chaos, landes et tourbières, j’ai évoqué « une lande à bruyère ». Un enseignant de sciences de la vie et de la terre corrigea mes propos en distinguant une « lande à callune ».

Mais, plein de sollicitude, il ajouta que l’on pouvait dire aussi « lande à fausse bruyère », ce qui eût le mérite de clore le débat vis-à-vis du public, car l’objet de l’étude était les relations entre carte, roche et paysage. La végétation et la botanique n’était pas vraiment l’objet du stage… et pour tout dire j’étais bien incapable de distinguer les deux.

Quelques semaines plus tard, dans le même cadre naturel, me souvenant  des propos de mon collègue, j’ai décrit une « lande à callune ». Un autre enseignant, vis-à-vis des stagiaires ajouta : « la callune, c’est une variété de bruyère ».

Bref, je suis passé de stage en stage à parler de fausse bruyère ou de callune… en étant toujours incapable de distinguer la vraie de la fausse, mais en cultivant l’apparence...

J’ai décidé de mettre fin à cette carence il y a quelques jours, au cours d’une promenade, toujours en milieu acide.

En fait, la comparaison est très simple : si les deux plantes peuvent se confondre à quelque distance, la distinction est évidente lorsque l’on observe même sommairement la plante.  Les quatre photos ci-dessous montrent  les différences, que ce soit au niveau des feuilles ou des fleurs. En haut, la bruyère, au-dessous, la callune.

 

Bruyère... ou callune ?

L'Hôtel à insectes

Le jeu du carabe

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