Mai 2025    -   L'azuré des orpins

… le 12 Mai, vers 10 heures, un petit papillon aux ailes pendantes s’extrait du sol, tout près d’un orpin. Il grimpe doucement sur une tige de ronce et semble attendre, en profitant des rayons du soleil.

Petit à petit, les ailes se raidissent, et le papillon va devenir apte au vol. Il s’agit d’un mâle : ses ailes largement teintées de bleu permet de le distinguer de la femelle. Celle-ci présente une coloration brune, mêlée de bleu. On remarque l’élégance des motifs des ailes : en bordure, des ocelles bleu sombre à marge bleue très pâle et des franges blanches et noires alternées. Sur les antérieures, une tache noire plus marquée s’inscrit dans une ellipse qui rejoint le thorax.

Les premiers vols ont lieu dans le milieu rocailleux qui domine la rivière Senouire. L’azuré des orpins est très florifère, on l’observe essentiellement sur les fleurs du bord de la rivière. Il n’hésite pas à abandonner les lieux pierreux pour rejoindre des terrains humides, dans les trouées ensoleillées. Il utilise sa trompe pour s’alimenter du nectar des fleurs. On remarque alors l’ornementation du dessous des ailes, avec un ensemble de points noirs et une bande orangée.

 

Le 13 Mai, l’azuré des orpins essaie de trouver l’âme sœur sans véritable succès, alors que celle-ci se trouve à proximité ! Il a un comportement territorial, mais ne semble pas s’intéresser à la femelle : des chercheurs pensent que la femelle ne doit pas dégager de phéromones dans un premier temps ? Il rencontre enfin une partenaire deux jours plus tard, une jolie brune aux reflets bleutés. Une certaine excitation est ressentie : les deux partenaires volent avec vivacité en tourbillonnant, c’est une forme de parade nuptiale. Enfin, ils se posent sur un arbuste, et s’accouplent : difficile alors de distinguer le mâle de la femelle car les revers des ailes sont identiques. La durée de l’accouplement est supérieure à une heure. Le mâle dépose un spermatophore dans une bourse copulatrice.

Nous quittons désormais le mâle, qui vivra quelques semaines – avec de la chance – et accomplira sa mission pollinisatrice…

La femelle pondra peu de temps après, mais doit aussi s’alimenter afin de compenser la dépense énergétique.

Puis elle survole le versant ensoleillé, à la recherche de la plante nourricière de l’espèce, l’orpin. Et ce n’est pas difficile à Lavaudieu : les orpins colonisent l’espace autrefois réservé à la vigne. L’azuré est lié à cette plante, accepte les différentes variétés . C’est ici le grand orpin qui est concerné (Hylotelephium maximum).

Cette plante aux feuilles charnues sera la plante nourricière de la chenille. L’adulte ne la butine pas; de plus, la période de floraison ne coïncide pas avec le vol du papillon...

Quelques heures plus tard, la femelle dépose délicatement ses œufs sur des plants d’orpin, un par un, dans un périmètre restreint. Il peut y avoir plusieurs œufs sur la même feuille. La majorité d’entre eux sont posés sur la plante, mais la femelle peut en disperser également au-dessous, comme pour optimiser les chances de réussite. Elle vivra, comme le mâle, quelques jours ou semaines si elle échappe aux prédateurs.

Le temps s’est gâté, le temps a été frais pour la saison, et les œufs n’écloront que trois semaines plus tard.

Une minuscule chenille apparaît. Rapidement, elle va forer la feuille de cette plante grasse afin de se camoufler à l’intérieur.

Elle grandit et mue une première fois (il y aura cinq mues successives en une cinquantaine de jours). Le camouflage de la chenille est remarquable : un simple bombement de la même couleur que la feuille avec des bordures roses : on peut penser à une excroissance du végétal…

Une fourmi s’approche et s’intéresse à la jeune chenille. Jour après jour, les fourmis sont plus nombreuses et semblent apprécier cette compagnie ; il faut dire que la chenille secrète par des glandes mellifères un miellat sucré dont raffolent les fourmis…

La chenille grandit et est de mieux en mieux protégée : d’une part, elle est capable de forer la nervure principale de la feuille qui se plie et constitue un abri plus sûr, d’autre part, les fourmis qui s’activent sur elle sont une protection contre d’éventuels prédateurs. On dit qu’elle est myrmécophile (elle aime les fourmis)

De temps en temps apparaissent sur son corps deux petits organes érectiles : ceux-ci émettent des signaux chimiques qui semblent repousser les fourmis trop entreprenantes.

C’est le début du mois d’Août : la chenille va s’accrocher sous une pierre ou une feuille sèche. Le lendemain, elle se transforme en chrysalide dans laquelle un long processus va s’effectuer puisque le papillon n’émergera que huit mois plus tard. La chrysalide est entourée de fourmis quelques jours, puis elle est délaissée.

Au printemps, la chrysalide qui était de couleur marron vire au noir, puis s’éclaircit jusqu’à devenir transparente, et                     (reprendre au début)

 

Les Histoires Précédentes

Mai 2025    -   L'azuré des orpins

… le 12 Mai, vers 10 heures, un petit papillon aux ailes pendantes s’extrait du sol, tout près d’un orpin. Il grimpe doucement sur une tige de ronce et semble attendre, en profitant des rayons du soleil.

Petit à petit, les ailes se raidissent, et le papillon va devenir apte au vol. Il s’agit d’un mâle : ses ailes largement teintées de bleu permet de le distinguer de la femelle. Celle-ci présente une coloration brune, mêlée de bleu. On remarque l’élégance des motifs des ailes : en bordure, des ocelles bleu sombre à marge bleue très pâle et des franges blanches et noires alternées. Sur les antérieures, une tache noire plus marquée s’inscrit dans une ellipse qui rejoint le thorax.

Les premiers vols ont lieu dans le milieu rocailleux qui domine la rivière Senouire. L’azuré des orpins est très florifère, on l’observe essentiellement sur les fleurs du bord de la rivière. Il n’hésite pas à abandonner les lieux pierreux pour rejoindre des terrains humides, dans les trouées ensoleillées. Il utilise sa trompe pour s’alimenter du nectar des fleurs. On remarque alors l’ornementation du dessous des ailes, avec un ensemble de points noirs et une bande orangée.

 

Le 13 Mai, l’azuré des orpins essaie de trouver l’âme sœur sans véritable succès, alors que celle-ci se trouve à proximité ! Il a un comportement territorial, mais ne semble pas s’intéresser à la femelle : des chercheurs pensent que la femelle ne doit pas dégager de phéromones dans un premier temps ? Il rencontre enfin une partenaire deux jours plus tard, une jolie brune aux reflets bleutés. Une certaine excitation est ressentie : les deux partenaires volent avec vivacité en tourbillonnant, c’est une forme de parade nuptiale. Enfin, ils se posent sur un arbuste, et s’accouplent : difficile alors de distinguer le mâle de la femelle car les revers des ailes sont identiques. La durée de l’accouplement est supérieure à une heure. Le mâle dépose un spermatophore dans une bourse copulatrice.

Nous quittons désormais le mâle, qui vivra quelques semaines – avec de la chance – et accomplira sa mission pollinisatrice…

La femelle pondra peu de temps après, mais doit aussi s’alimenter afin de compenser la dépense énergétique.

Puis elle survole le versant ensoleillé, à la recherche de la plante nourricière de l’espèce, l’orpin. Et ce n’est pas difficile à Lavaudieu : les orpins colonisent l’espace autrefois réservé à la vigne. L’azuré est lié à cette plante, accepte les différentes variétés . C’est ici le grand orpin qui est concerné (Hylotelephium maximum).

Cette plante aux feuilles charnues sera la plante nourricière de la chenille. L’adulte ne la butine pas; de plus, la période de floraison ne coïncide pas avec le vol du papillon...

Quelques heures plus tard, la femelle dépose délicatement ses œufs sur des plants d’orpin, un par un, dans un périmètre restreint. Il peut y avoir plusieurs œufs sur la même feuille. La majorité d’entre eux sont posés sur la plante, mais la femelle peut en disperser également au-dessous, comme pour optimiser les chances de réussite. Elle vivra, comme le mâle, quelques jours ou semaines si elle échappe aux prédateurs.

Le temps s’est gâté, le temps a été frais pour la saison, et les œufs n’écloront que trois semaines plus tard.

Une minuscule chenille apparaît. Rapidement, elle va forer la feuille de cette plante grasse afin de se camoufler à l’intérieur.

Elle grandit et mue une première fois (il y aura cinq mues successives en une cinquantaine de jours). Le camouflage de la chenille est remarquable : un simple bombement de la même couleur que la feuille avec des bordures roses : on peut penser à une excroissance du végétal…

Une fourmi s’approche et s’intéresse à la jeune chenille. Jour après jour, les fourmis sont plus nombreuses et semblent apprécier cette compagnie ; il faut dire que la chenille secrète par des glandes mellifères un miellat sucré dont raffolent les fourmis…

La chenille grandit et est de mieux en mieux protégée : d’une part, elle est capable de forer la nervure principale de la feuille qui se plie et constitue un abri plus sûr, d’autre part, les fourmis qui s’activent sur elle sont une protection contre d’éventuels prédateurs. On dit qu’elle est myrmécophile (elle aime les fourmis)

De temps en temps apparaissent sur son corps deux petits organes érectiles : ceux-ci émettent des signaux chimiques qui semblent repousser les fourmis trop entreprenantes.

C’est le début du mois d’Août : la chenille va s’accrocher sous une pierre ou une feuille sèche. Le lendemain, elle se transforme en chrysalide dans laquelle un long processus va s’effectuer puisque le papillon n’émergera que huit mois plus tard. La chrysalide est entourée de fourmis quelques jours, puis elle est délaissée.

Au printemps, la chrysalide qui était de couleur marron vire au noir, puis s’éclaircit jusqu’à devenir transparente, et                     (reprendre au début)

 

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910 ko
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