Les amateurs de ces insectes coléoptères sont nombreux. La technique de capture—une forme de braconnage– est connue. Il y a quelques années, j’ai eu ainsi l’idée de poser quelques « pièges à fosse » afin de recueillir des exemplaires. Ce type de piège, adapté à tous les insectes qui ne volent pas et courent sur le sol, est très facile à construire : toute boite cylindrique d’au moins huit centimètres de haut et douze de diamètre fait l’affaire. Il faut opter pour la matière plastique qui ne présente pas d’aspérités ou le verre. Il n’est pas nécessaire d’investir : les pots de crème, fromage blanc ou autres produits laitiers font très bien l’affaire.
Ensuite, vous cherchez un endroit favorable et vous creusez un trou qui devra contenir entièrement votre récipient, le bord de celui-ci doit se trouver à ras du sol. Pour creuser, un outil est nécessaire : une petite pioche ou « piochon ».
L’opération suivante consiste à trouver un appât qui attirera les insectes, on pense à un liquide odorant (du rhum, de la bière, du vin, du vinaigre…). Là encore, il ne s’agit pas de se ruiner en sélectionnant un Château Yquem 2015, un fond de bouteille de vin de table virant au vinaigre sera sans doute aussi efficace, quoique… je ne souhaite pas influencer les futurs joueurs puisque le titre de ma chronique fait bien état d’un jeu. Mais pensez tout de même que j’ai maintenu des carabes en captivité en les nourrissant de jambon.
La « matière » choisie recouvre le fond de votre récipient enfoui. Il est nécessaire désormais de poser un couvercle qui recouvrira partiellement mais presque entièrement votre piège. Une pierre plate peut faire l’affaire, une ardoise… Là encore, vous êtes libre de créer, mais le couvercle est nécessaire afin de concentrer l’odeur et d’éviter une inondation en cas d’orage.
Ce piège est mortel si vous choisissez un liquide alcoolisé : l’insecte va se noyer rapidement. Aussi, afin d’éviter le drame, il suffit de créer un îlot central -une pierre- où votre naufragé trouvera refuge après sa chute.
Ce piège devrait recueillir essentiellement les carabes, ces coléoptères généralement nocturnes, carnivores, de grande taille (entre 15 et 40 mm). Mais d’autre coléoptères se feront assurément piéger…
L’objet n’est pas ici de faire une étude systématique des carabes d’un secteur donné : c’est très ardu, vous pouvez vous en rendre compte en cherchant des clés de détermination sur le net. Il s’agit simplement de répertorier les espèces les plus courantes. Au bout de quelques jours, vous devriez avoir intégré quelques noms dans votre vocabulaire : violaceus, monilis, intricatus, auratus… Ayant effectué le jeu (patience, les règles vont bientôt être énoncées) avec des enfants, il s’agissait davantage de montrer la diversité et de répertorier les espèces les plus grandes et courantes que de se plonger dans l’identification fine.
Le jeu est donc particulièrement destiné aux enfants. Mais ayant posé des pièges à fosse dans un camping du sud-est de la France, j’ai vu la curiosité se propager au sein de celui-ci. Après quelques jours, de nombreux estivants avaient adopté l’idée , creusaient leurs propres pièges et faisaient état de leurs captures au matin. D’où l’idée d’en faire un jeu.
Le nombre de participants est illimité, ou presque. Ainsi, j’ai eu l’occasion de faire participer 25 enfants d’une douzaine d’années dans le cadre d’une colonie de vacances naturaliste.
Le jeu
Il dure au moins 5 jours. La durée est quasi illimitée…
Si vous êtes peu de participants (2 à 4), chaque joueur peut confectionner deux pièges.
La surface de jeu est primordiale. L’idéal est de suivre un chemin qui traverse des milieux différents. Par exemple, une sente qui traverse un champ, une friche, en limite de forêt, une mare… bref, un maximum de diversité dans un minimum de surface, car il faudra relever les pièges tous les jours, de préférence le matin.
Chaque joueur détermine le lieu précis de son piège, qui doit être connu des autres. Il convient pour tous les joueurs de connaître la position de l’ensemble des pièges. Si les surfaces sont étendues, on peut utiliser un GPS…
Chaque joueur utilise évidemment « son » appât, et peaufine son piège comme il l’entend.
Le premier jour, il paraît nécessaire que l’ensemble des participants effectue le parcours reliant tous les pièges.
A l’aide d’une feuille quadrillée QUOTIDIENNE, comportant un tableau à double entrée, on note les résultats.
Le tableau comporte le nom des joueurs en abscisse et le nom des carabes et autres insectes en ordonnée, au fur et à mesure de leur récolte.
Septembre 2025 - Le jeu du carabe (2 ème partie)
Evidemment, on pense aussitôt à un traitement informatisé des données.
Il est toutefois contestable dans un premier temps : un affichage permanent des feuilles quotidiennes est plus propice à des commentaires instantanés, et à provoquer des réactions. Bref, il provoque une bonne ambiance.
Des joueurs qui constatent avec amertume que leur piège est délaissé voudront changer la nature de l’appât, ou même la localisation de leur piège. Il faut être inflexible sur ce point : la situation de départ doit rester inchangée.
Les insectes piégés doivent être relâchés à quelque distance du piège par le meneur de jeu.
Le barème est laissé à l’appréciation des organisateurs. Le carabe est l’insecte privilégié, mais il serait injuste de ne pas récompenser par au moins un point la capture d’un autre coléoptère : les bousiers et surtout les nécrophores (staphylins, silphes) ne sont pas rares dans les pièges. Bon, les limaces aussi, mais là, on n’imagine pas un bonus .
J’ai eu l’occasion de pratiquer trois fois cette animation, et le résultat a été plutôt comparable, à savoir :
· La météorologie est une donnée fondamentale : il y a des journées « riches » et des journées « sans ». En conséquence, il faut mentionner les données de température, de précipitations et décrire le type de temps (nuit claire, temps couvert, orageux, venté …). On peut également mentionner la situation lunaire : les nuits de pleine lune ne sont pas forcément les meilleures… Tout cela n’a rien d’étonnant : les amateurs de chasse aux papillons nocturnes avec drap et lampe UV savent très bien sélectionner la nuit propice. Dans le cas du piège à carabes permanent, la nuit où tout le monde est bredouille n’est pas rare !
· La localisation du piège a aussi son importance, mais là, ce n’est pas une science exacte. On a beau bien « sentir » l’endroit sélectionné, le résultat ne sera pas forcément à la hauteur des espérances. Pratiquant cette activité avec des enfants, j’ai parfois été surpris des résultats. Ainsi, un piège pas très bien enterré, placé à un endroit qui paraît peu accessible peut très bien couronner son propriétaire d’un succès final !
· La nature de l’appât n’a pas une grande importance : je n’ai pas vu une préférence marquée pour un breuvage idéal. Par contre, il est amusant de constater que les participants pensent que leur maigre récolte est essentiellement due à la nature de celui-ci. Si l’on pratique le jeu avec un grand nombre de participants, on pourra remarquer qu’il n’y a pas de corrélation significative; limiter la diversité des appâts peut permettre de le mettre en évidence.
· Si l’on pratique ce jeu avec une vingtaine de participants durant dix jours, par exemple, on pourra constater des écarts importants : des pièges auront capturé plus de 20 insectes, d’autres n’auront quasiment eu aucune visite. Afin que de jeunes participants ne soient pas frustrés et se découragent, il est possible de pratiquer un concours par équipes.
Il ne faut pas rêver non plus : le jeu se déroulant dans une surface assez restreinte, il ne faut pas penser que des variétés de carabes seront piégés strictement dans un endroit forestier et que ce seront d’autres espèces en bordure du champ voisin… Nous n’avons pas pu mettre en évidence la notion de milieu. Dans les trois séquences ou j’ai organisé ce jeu, le résultat a été convaincant pour l’identification des insectes et montrer la diversité de ceux-ci, et c’est déjà bien. Les « vedettes » sont évidemment les carabes les plus gros et les plus beaux, comme carabus hispanus, bien fréquent dans le secteur où se situaient nos pièges, mais qui était rarement capturé.
Le jeu nous a servi comme base d’élevage. Ainsi, de nombreux carabus violaceus se sont retrouvés en terrarium. Un peu las pour leur trouver de la nourriture, nous avons pu constater leur voracité : les restes de jambon conviennent très bien pour leur alimentation.
Je suis quasi certain que de nombreux enfants que nous avons accueilli dans le cadre de nos colonies de vacances naturalistes doivent encore aujourd’hui manipuler le piochon en s’intéressant à la microfaune locale.
Et peut-être organisent quelques parties de carabes...
Les amateurs de ces insectes coléoptères sont nombreux. La technique de capture—une forme de braconnage– est connue. Il y a quelques années, j’ai eu ainsi l’idée de poser quelques « pièges à fosse » afin de recueillir des exemplaires. Ce type de piège, adapté à tous les insectes qui ne volent pas et courent sur le sol, est très facile à construire : toute boite cylindrique d’au moins huit centimètres de haut et douze de diamètre fait l’affaire. Il faut opter pour la matière plastique qui ne présente pas d’aspérités ou le verre. Il n’est pas nécessaire d’investir : les pots de crème, fromage blanc ou autres produits laitiers font très bien l’affaire.
Ensuite, vous cherchez un endroit favorable et vous creusez un trou qui devra contenir entièrement votre récipient, le bord de celui-ci doit se trouver à ras du sol. Pour creuser, un outil est nécessaire : une petite pioche ou « piochon ».
L’opération suivante consiste à trouver un appât qui attirera les insectes, on pense à un liquide odorant (du rhum, de la bière, du vin, du vinaigre…). Là encore, il ne s’agit pas de se ruiner en sélectionnant un Château Yquem 2015, un fond de bouteille de vin de table virant au vinaigre sera sans doute aussi efficace, quoique… je ne souhaite pas influencer les futurs joueurs puisque le titre de ma chronique fait bien état d’un jeu. Mais pensez tout de même que j’ai maintenu des carabes en captivité en les nourrissant de jambon.
La « matière » choisie recouvre le fond de votre récipient enfoui. Il est nécessaire désormais de poser un couvercle qui recouvrira partiellement mais presque entièrement votre piège. Une pierre plate peut faire l’affaire, une ardoise… Là encore, vous êtes libre de créer, mais le couvercle est nécessaire afin de concentrer l’odeur et d’éviter une inondation en cas d’orage.
Ce piège est mortel si vous choisissez un liquide alcoolisé : l’insecte va se noyer rapidement. Aussi, afin d’éviter le drame, il suffit de créer un îlot central -une pierre- où votre naufragé trouvera refuge après sa chute.
Ce piège devrait recueillir essentiellement les carabes, ces coléoptères généralement nocturnes, carnivores, de grande taille (entre 15 et 40 mm). Mais d’autre coléoptères se feront assurément piéger…
L’objet n’est pas ici de faire une étude systématique des carabes d’un secteur donné : c’est très ardu, vous pouvez vous en rendre compte en cherchant des clés de détermination sur le net. Il s’agit simplement de répertorier les espèces les plus courantes. Au bout de quelques jours, vous devriez avoir intégré quelques noms dans votre vocabulaire : violaceus, monilis, intricatus, auratus… Ayant effectué le jeu (patience, les règles vont bientôt être énoncées) avec des enfants, il s’agissait davantage de montrer la diversité et de répertorier les espèces les plus grandes et courantes que de se plonger dans l’identification fine.
Le jeu est donc particulièrement destiné aux enfants. Mais ayant posé des pièges à fosse dans un camping du sud-est de la France, j’ai vu la curiosité se propager au sein de celui-ci. Après quelques jours, de nombreux estivants avaient adopté l’idée , creusaient leurs propres pièges et faisaient état de leurs captures au matin. D’où l’idée d’en faire un jeu.
Le nombre de participants est illimité, ou presque. Ainsi, j’ai eu l’occasion de faire participer 25 enfants d’une douzaine d’années dans le cadre d’une colonie de vacances naturaliste.
Le jeu
Il dure au moins 5 jours. La durée est quasi illimitée…
Si vous êtes peu de participants (2 à 4), chaque joueur peut confectionner deux pièges.
La surface de jeu est primordiale. L’idéal est de suivre un chemin qui traverse des milieux différents. Par exemple, une sente qui traverse un champ, une friche, en limite de forêt, une mare… bref, un maximum de diversité dans un minimum de surface, car il faudra relever les pièges tous les jours, de préférence le matin.
Chaque joueur détermine le lieu précis de son piège, qui doit être connu des autres. Il convient pour tous les joueurs de connaître la position de l’ensemble des pièges. Si les surfaces sont étendues, on peut utiliser un GPS…
Chaque joueur utilise évidemment « son » appât, et peaufine son piège comme il l’entend.
Le premier jour, il paraît nécessaire que l’ensemble des participants effectue le parcours reliant tous les pièges.
A l’aide d’une feuille quadrillée QUOTIDIENNE, comportant un tableau à double entrée, on note les résultats.
Le tableau comporte le nom des joueurs en abscisse et le nom des carabes et autres insectes en ordonnée, au fur et à mesure de leur récolte.
Rendez-vous le mois prochain pour connaître toute la règle du jeu !